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Les radars photo ont été deux fois plus payants en pandémie

En pandémie, les Québécois ont récolté deux fois plus de contraventions aux cinémomètres. Ils ont été mis à l’amende pour 64$ millions – c’est le quart des pénalités engrangées depuis les premiers «flashs», il y a 12 ans.

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Les corps policiers du Québec nous l’ont dit, la sécurité publique nous l’a martelé: pendant que la pandémie de Covid-19 nous forçait au confinement et au télétravail, et que les zones passaient du jaune au rouge, nous imposant couvre-feu et non-rassemblements, les automobilistes ont plutôt vu «vert» sur les routes soudainement désertes de la Belle Province. Et ils y ont démesurément appuyé sur le champignon.

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Pour ceux qui doutaient encore de la surreprésentation des excès de vitesse dans les accidents graves et mortels survenus en temps de pandémie, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) est venue confirmer la chose dans son bilan statistique le plus récent:

«En étudiant les facteurs contributifs aux accidents mortels en 2020, nous avons remarqué que les policiers avaient ciblé la vitesse en plus grande proportion (32%) que pour la moyenne (27,1%) des cinq années passées», a expliqué Gino Desrosiers, porte-parole à la Direction des communications pour la SAAQ.

En cette même année pandémique, l’assureur public enregistrait pourtant une forte – pour ne pas dire une impressionnante diminution du nombre d’accidentés sur nos routes, avec un tiers moins de blessés chez les usagers de la route, versus la moyenne enregistrée de 2015 à 2019.

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Toutefois, ce qui est passé sous le… radar d’à peu près tout le monde, est le fait que les contraventions décernées par le biais des cinémomètres ont littéralement doublé. C’est du moins la conclusion (pas si tant surprenante que ça…) à laquelle nous en sommes venus après avoir comparé 15 mois de pandémie aux 15 mois identiques, mais avant pandémie.

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Avant d’aller plus loin, deux petites notes explicatives. D’abord, pour les besoins de notre analyse, nous avons considéré la période débutant avec l’annonce québécoise d’une pandémie (le 13 mars 2020) et se terminant avec l’annonce par le gouvernement Legault d’un dé-confinement progressif et de l’élargissement de la vaccination (le 18 mai 2021). De même, toutes les statistiques sont celles du ministère de la Justice du Québec , qui les collige mensuellement – et les partage religieusement, depuis les tout premiers flashs de radars photo il y a 12 ans.

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À la lumière de ces chiffres, on découvre qu’au cours des 15 mois d’urgence sanitaire, quelque 476 503 contraventions ont été décernées par les 23 cinémomètres fixes, les multiples radars mobiles et les caméras installées à une vingtaine de feux de circulation, tous sous la juridiction du ministère des Transports du Québec.

Total des sommes payées par les propriétaires de véhicules qui se sont ainsi fait flasher : 64,3 millions de dollars.

En comparaison, pour la même période de 15 mois mais avant pandémie (2018-2019), 243 253 contraventions ont été émises par sensiblement le même nombre de cinémomètres, pour un total de 29,3 millions de dollars.

Les conducteurs étaient-ils plus stressés et/ou distraits par la situation exceptionnelle pour ne pas tenir compte des panneaux de signalisation pourtant disposés bien en évidence avant les zones contrôlées? Une chose est sûre: en temps de pandémie, ils ont raflé deux fois plus de « tickets » en roulant trop vite devant ces radars, envoyant deux fois plus d’argent sonnant dans les coffres du programme.

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Pareille comparaison peut sembler simpliste – et d’ailleurs, Gilles Payer, un ancien collègue média à la radio aujourd’hui aux communications chez Transports Québec, y va de sa mise en garde: «Le nombre d’infractions signifiées est tributaire d’une multitude de facteurs qui sont à l’heure actuelle difficilement isolables.»

Parmi ces facteurs, M. Payer note «des modifications législatives de 2018 et des actions mises en place visant à alléger la présentation de la preuve», ce qui pourrait avoir contribué à la hausse de constats traités. «Une fois le retour à la normale, il sera plus facile de distinguer les effets réels (de la pandémie)», soutient le porte-parole du MTQ.

Il sera par ailleurs intéressant de voir si les résultats probants des cinémomètres sur la sécurité routière ont également été affectés. Avant pandémie, il était noté que les radars fixes réduisent le nombre d’accidents de plus du quart (29%) là où ils sont en fonction. La réduction est semblable pour les appareils de surveillance aux feux rouges (28%) et, dans une moindre mesure, de 12% pour les radars mobiles.

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Bonne fête, les cinémomètres!

Cela dit, et parce que les cinémomètres célèbrent justement 12 ans de présence au Québec, on a voulu pousser la comparaison «pandémique» jusqu’aux tout débuts du programme. Cette fois, l’analyse des statistiques gouvernementales nous montre que les contraventions décernées par le biais des radars photo pendant les 15 mois d’urgence sanitaire, ainsi que les amendes qui en ont découlé, ont représenté près du quart (23%) de tout ce qui a été émis/réclamé depuis le 19 août 2009, moment des premiers flashs .

Pour un grand total de 145 mois depuis l’installation des premiers équipements et ce, jusqu’à la fin du mois de septembre dernier, le ministère de la Justice rapporte 2 069 584 contraventions pour l’ensemble du Québec. Total des amendes payées par les automobilistes trop pressés pour respecter le Code de la sécurité routière: près de 279 millions de dollars.

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Coïncidence s’il en est une, les cinémomètres ont célébré leur 12 e anniversaire, en août dernier, en franchissant la marque des deux millions de contraventions.

Top3 des radars les plus payants

Pour ceux et celles qui se demandent quels sont les radars fixes les plus payants de toute l’histoire du programme, les voici:

  • Montréal, Autoroute 15 sud – sortie Atwater (25 millions en 12 ans);
  • Mirabel, Autoroute 15 sud – sortie St-Charles (23 millions);
  • Boucherville, Autoroute 20 ouest – sortie Mortagne (21,7 millions)

Rappelons qu’après les dépenses imputables au programme (20,2$ millions pour l’exercice 2016-2017), l’excédent est versé au Fonds de la sécurité routière (5,5$ millions pour l’exercice 2016-2017).

Entre 2009 et 2017, ce sont 35$ millions qui ont été investis en programmes de sécurité routière, note le dernier rapport disponible .