Pénurie de véhicules neufs: avez-vous pensé aux certifiés?
Avec la pénurie de puces qui met à mal les inventaires d'automobiles, voici comment profiter des véhicules certifiés - une option multi-gagnante.
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Si on avait à résumer en une phrase ce qu’est un véhicule certifié, on pourrait écrire ceci: c’est l’expérience de l’achat du neuf en concessionnaire, mais au prix de l’occasion.
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Simple, n’est-ce pas? Mais bon, comme le patron de la section francophone de Driving.ca veut un reportage un brin plus consistant, voici en détail pourquoi vous voulez envisagez de magasiner votre prochain véhicule du côté des certifiés…
… et quels sont les pièges à éviter.
Les certifiés, de quossé?
Les programmes de certification automobile sont des créatures conçues de toutes pièces par les constructeurs. Les premiers CPO – en anglais, pour certified pre-owned – ont vu le jour dans les années 1990, merci à Mercedes-Benz et à Lexus.
Trois décennies plus tard, à peu près toutes les marques offrent une quelconque formule de certification. Si vous parcourez leurs sites Internet, vous verrez que les véhicules certifiés sont mis à l’honneur par le biais d’une recherche élaborée par catégories, année-modèle, kilométrage, région, prix….
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Et honnêtement, les constructeurs automobiles seraient fous de ne pas le faire. C’est qu’avec leurs partenaires concessionnaires, ils savent que les certifiés apportent des visites appréciables (et rentables) à leur département de service. Ils savent aussi qu’ils ouvrent toute grande la porte à de nouveaux clients pour une relation à long terme. En effet, leurs sondages internes disent que les acheteurs de certifiés sont de fidèles consommateurs qui, trois fois sur quatre, se tournent vers le même constructeur pour un autre véhicule… et une fois sur deux, ce sera pour du neuf.
Les (plus) jeunes, beaux et en santé
Surtout, surtout: qui sont les mieux placés pour «repêcher» les meilleurs spécimens? Les concessionnaires, bien sûr. Cet avantage de la sélection passe par les meilleurs «retours de location» et autres exemplaires ayant peu roulé, qui n’ont pas été accidentés et qui présentent une belle feuille de route, côté condition mécanique et entretien, factures à l’appui.
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Évidemment, qui dit certification et tous les avantages que nous allons énumérer dans quelques lignes, dit aussi prix d’étiquette plus élevés. Impossible d’établir avec précision les surprimes à débourser, puisque par souci de compétitivité, les constructeurs conservent jalousement leurs données à ce sujet, mais une courte recherche nous permet d’avancer ceci:
Un véhicule certifié coûte en moyenne de 5% à 10% de plus qu’un véhicule usagé de même marque, de même kilométrage et sensiblement de même condition, mais non certifié. On s’en doute, l’écart dépend des marques, avec les plus importantes différences notées chez les modèles de luxe.
Payer (un peu) plus cher pour économiser (beaucoup)
À vous, le consommateur, qu’est-ce que la certification apporte? D’abord, la paix d’esprit que vous apporterait une transaction du côté des véhicules neufs. Elle vous permet aussi, pour la même somme que vous aviez prévu verser, de vous élever dans l’échelle des options et, donc, de vous procurer un modèle mieux équipé, de plus grandes dimensions ou carrément de luxe.
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Mais ce qui fait surtout la force des certifiés pour l’acheteur avisé, c’est que cette cohorte de véhicules presque neufs a déjà traversé sa période de plus forte dépréciation. Si vous avez lu notre article Une auto, quossé ça coûte vraiment , vous savez que plus que les réparations, l’entretien et le carburant réunis , c’est la perte de valeur automobile qui fait le plus mal.
En clair, le fait d’acheter un véhicule qui a déjà trois, quatre ou cinq ans d’âge diminue substantiellement cet impact financier.
Qui, que, quoi…
Les programmes de certification ne sont pas tous égaux; ils varient d’une marque à l’autre. Cela dit, autant pour les véhicules d’entrée de gamme que pour les plus luxueux, ils présentent des dénominateurs communs. Voici lesquels:
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- Ils misent sur des véhicules récents et de bas kilométrage, inspectés en plus d’une centaine de points et, s’il y a lieu, réparés par des mécaniciens spécialistes du produit. Chez Toyota, une marque réputée pour sa fiabilité s’il en est une, les certifiés ont au maximum six ans d’âge et n’ont pas parcouru annuellement plus de 23 500km.
- Une proportion des véhicules certifiés profitent encore d’une «balance» de leur garantie d’origine. En sus, tous sont systématiquement assortis d’une garantie supplémentaire et honorée dans tous les établissements de la marque. Le président de l’Association pour la protection des automobilistes, George Iny, soutient d’ailleurs que ces garanties «constituent le plus grand atout des programmes de certification». Par exemple, chez Honda, la protection pour le groupe motopropulseur s’étire jusqu’à sept ans / 160 000km. Chez Nissan, on parle de 72 mois / 120 000km pour le groupe motopropulseur, alors qu’une garantie prolongée Platine est disponible, moyennant une somme additionnelle, pour couvrir trois fois plus de composantes pour un max de 96 mois / 180 000km.
- Les véhicules certifiés s’étoffent de privilèges ajoutés comme l’assistance routière 24h/7 et l’historique Carproof, la location d’une (autre) voiture en cas de bris, voire les premières vidanges d’huile et/ou l’abonnement gratuit à la radio satellite. Chevrolet Canada offre entre autres deux mois d’essai gratuit à OnStar et trois mois d’abonnement à SiriusXM.
- Très souvent, les véhicules certifiés vont bénéficier de taux de financement (et même de location!) préférentiels, ce qui constitue un net avantage versus les taux bancaires plus élevés qui sont le lot des transactions du marché traditionnel de l’occasion.
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En prime, vous pouvez changer d’idée!
Que se passe-t-il si vous achetez un véhicule neuf et qu’après quelques jours ou semaines, vous n’êtes pas satisfait de votre acquisition? Vous le savez: vous êtes (mal) pris avec ledit véhicule. Impossible de le troquer contre un autre, à moins de perdre (gros) au change de la dépréciation.
La donne est tout autre pour les véhicules certifiés, puisqu’à peu près tous les programmes offrent ce qu’ils appellent le privilège d’échange. Autrement dit, ils permettent à l’insatisfait d’échanger le véhicule choisi contre un autre dans les jours, voire dans les semaines suivant la transaction.
Chez Subaru , l’échange peut s’effectuer dans les 10 jours / 1000km. Si le second véhicule certifié est de valeur moindre, le remboursement prendra la forme d’un crédit. La politique d’échange est de 10 jours / 1500km chez Nissan.
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Parmi les marques les plus généreuses, on retrouve Hyundai et Chevrolet, qui acceptent d’échanger le modèle pour un autre jusqu’à concurrence de 30 jours, en autant que le véhicule n’ait pas parcouru plus de 2000km (et même 2500km chez Chevrolet).
Les pièges marketing-ting-ting de la certification
Que des bons côtés aux véhicules certifiés? Évidemment, non. Voici ce qu’il vous faut notamment surveiller.
- Les programmes de certification vous chantent l’inspection en 120 points, 130 points, 150 points… La belle affaire. L’important n’est pas tant le nombre, mais plutôt la liste de ce qui est inspecté et, s’il y a lieu, ce qui a été réparé. Pour vous rassurer, demandez à ce qu’on vous remettre une copie du rapport d’inspection.
- On n’achète pas une maison pour laquelle l’agent immobilier jure d’une inspection au bilan parfait, n’est-ce pas? Même chose pour un véhicule certifié: l’inspection par un tiers indépendant est de mise, comme pour tout véhicule d’occasion. Il vous en coûtera plus ou moins 150$ (moins si vous êtes membres chez CAA-Québec et que vous faites affaires avec leurs centres autorisés), mais vous saurez alors si les devoirs de certification ont bien été faits – ou pas.
- La pénurie de véhicules neufs fait actuellement grimper la valeur de ceux usagés, alors attention de ne pas trop payer pour… leur financement. Si les valeurs chutent au cours des deux ou trois prochaines années, «vous courez le risque que l’auto vaille moins que le solde de son emprunt», dit George Iny, président de l’APA. Une petite recherche-maison montre que les modèles certifiés qui se targuent de taux d’intérêt aussi bas que 0,99% sont les moins populaires. Pour les véhicules plus en demande, les taux sont plutôt de l’ordre de 5% ou 6%.
- À peu près tous les programmes partagent gratuitement l’historique CarProof / CarFax des véhicules certifiés. «Ce rapport n’est certes pas parfait, mais c’est nettement mieux que pas de rapport du tout», dit encore George Iny. Prenez le temps de le consulter – et de lire entre les lignes s’il y a des incongruités. Pour mettre toutes les chances de votre côté, et si on ne vous les a pas déjà remis, réclamez les preuves d’entretien et de réparations du véhicule.
- Aucun organisme provincial ou national ne vient gérer les critères des programmes de certification automobile, encore moins leur application. Des inégalités existent entre les différents plans, choisissez donc le vôtre en fonction de vos priorités: une meilleure garantie ou un privilège d’échange plus généreux? Des vidanges d’huile gratuites ou des taux d’intérêts plus avantageux?
- Justement, attention à ces privilèges d’échange. Demandez si des frais d’administration (ou autres) vous seront chargés dans l’éventualité où vous voudriez troquer votre modèle pour un autre. Ce privilège, vous pouvez l’utiliser pour combien de véhicules certifiés? Chevrolet clame qu’on peut avoir le «coup de foudre au premier coup d’oeil. Ou au second. Ou au troisième…» mais le constructeur permet un seul échange du genre par période de 12 mois.
- Et n’oubliez pas: comme on l’a vu plus haut, certains plans offrent des périodes et des distances de grâce jusqu’à 10 fois plus généreuses que d’autres. Sachez en profiter… sans dépasser le kilométrage alloué et autres limitations inscrites en petits caractères.
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- L’une des principales raisons qui vous motive vers un véhicule certifié est sa garantie? Prenez le temps de bien en lire les conditions. Si la garantie originale du constructeur couvre encore le véhicule, demandez-en l’échéance précise (en temps et en kilomètres). Voyez si la protection ajoutée l’est par le constructeur (c’est parfait), le concessionnaire (vous limitez vos options) ou par une tierce entreprise (que savez-vous de celle-ci?).
- Posez des questions quant à cette garantie ajoutée: couvre-t-elle pare-chocs à pare-chocs, les composantes principales ou uniquement le groupe motopropulseur? Vous impose-t-elle de respecter un calendrier d’entretien? Chaque réparation est-elle sujette à une franchise – et si oui, de combien? La protection est-elle est transférable – et si oui, encore une fois, l’est-elle sans frais?
- Comme pour tout véhicule, neuf ou usagé, le prix d’un véhicule certifié, ça se négocie. L’étiquette n’est pas suffisamment réduite à votre goût? N’hésitez pas à réquisitionner plus d’éléments de certification.
Après tout, vous déboursez une surprime pour vous acheter la paix d’esprit – on l’a dit plus haut: un certifié vous coûtera de 5% à 10% versus un non-certifié… alors assurez-vous d’en avoir pour votre argent!